Vera Kaplan de Laurent Sagalovitsch : une histoire dérangeante.

Vera Kaplan« À Tel-Aviv, un homme apprend par courrier le suicide de sa grand-mère, Vera Kaplan, dont il ignorait l’existence. La lettre, venue d’Allemagne, est accompagnée de l’ultime témoignage de la défunte et d’un terrifiant manuscrit : son journal de guerre, celui d’une jeune Juive berlinoise qui, d’abord pour sauver ses parents puis simplement pour rester en vie, en est venue à commettre l’impensable – dénoncer d’autres Juifs, par centaines. »

Laurent Sagalovitsch n’en est pas à son premier ouvrage, mais c’est un auteur dont je n’avais jamais entendu parler, et ce roman fut pour moi une belle découverte. La première de couverture, que vous pouvez voir ci-dessus, est assez sobre, en noir et blanc, mais elle correspond bien au contenu de l’ouvrage. Vera Kaplan est un roman que l’on pourrait qualifier de biographique puisqu’il est inspiré d’une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag.

Ce roman raconte une histoire assez déroutante, voire dérangeante, puisque Vera Kaplan, jeune allemande de confession juive, pour continuer à vivre, et tenter de sauver la vie de ses parents, va dénoncer d’autres juifs aux nazis, les envoyant ainsi à la mort. On découvre cette femme et son histoire, par le biais de son petit-fils, puis par elle-même, au travers d’une lettre et de son journal intime.

Il est assez difficile de s’imaginer qu’une juive ait pu livrer ses semblables pour vivre, ou plutôt pour survivre. Ce qui est intéressant ici, c’est que l’auteur ne porte pas de jugement, du moins je n’en ai pas l’impression. Il nous rapporte les faits, rien que les faits, comme un historien aurait pu le faire. Vera explique lucidement comment elle en est arrivée à cette extrémité, pourquoi elle a fait ce choix. Alors, même si elle peut sembler être un monstre, une personne sans âme, ses choix, son comportement, peuvent être tout à fait compréhensibles, même si on ne les approuve pas. On ne peut pas s’imaginer dans sa situation, mais on ne peut s’empêcher de se demander: Et moi, qu’aurais-je fait à sa place? Difficile, voire impossible de répondre à cette question. Même avec beaucoup d’imagination, on serait encore trop loin de la réalité, trop loin du contexte. Vera Kaplan peut être vue comme une mauvaise personne, mais d’un autre côté, on peut la percevoir comme une battante, une combattante de la vie, puisqu’elle est prête à tout pour survivre, y compris faire des choses et des choix abjects.

Vera Kaplan est un roman très court (152 pages) qui se lit aisément. Il n’est pas construit chapitre par chapitre comme le sont en général les romans, mais plutôt ici par narrateur, à savoir Vera Kaplan elle-même et son petit-fils. Leurs deux histoires se mêlant l’une dans l’autre. J’ai plutôt aimé ce roman, même si je suis un peu restée sur ma faim. Je trouve que la fin de la partie consacrée à Vera s’achève trop abruptement. Pour moi, des questions sont restées sans réponses, mais peut-être était-ce une volonté de l’auteur? J’aurai aimé en découvrir un peu plus sur ce personnage hors du commun. Néanmoins, c’est un roman dont je vous recommande la lecture.

Vera Kaplan est un roman que j’ai reçu en avant-première, grâce à Babelio. Je tiens donc à remercier leur équipe, ainsi que la maison d’édition Buchet-Chastel.

Elodie


Quelques infos supplémentaires :

  • Editeur : Buchet-Chastel, collection « Qui vive »
  • Date de parution : 25 août 2016
  • Genre : roman
  • Prix : 13€
  • Pages 152